Le mur est encore dressé à la frontière, comme un bunker.
Seules quelques mouettes un peu transfuges le survolent.
Il a peint quelques graffitis d’un coup de spray un peu rageur, un cœur un peu à l’abandon, écorché et saignant.
Les lettres dessinées écrive son nom, un peu de nulle part : Némo.
La plage vient mordre le mur. Le sable est sale, un peu no futur, Nomans’land.
Que se passe -t’il de l’autre côte de la muraille ?
Demain il reviendra et peut-être encore après-demain. Toujours cette ballade solitaire et de silence, cette poubelle éclatée sur le sable, les canettes de bière et les papiers gras.
Il imagine être un goéland pour franchir ce rempart.
Chaque jour il attend, peut-être une femme qui viendrait promener son chien, un labrador joueur dans les vagues. Une vie, quoi ! qui surgirait de ce paysage trop vide.
Il spray tout son malaise, un deuxième cœur, face au mur, cette paroi abrupte d’incompréhension.
Il shoot une boite de ronron contre le mur et ce bruit de métal résonne comme un écho dans la paroi convexe.
Demain, il est résolu, il viendra avec un sac poubelle pour enlever tous ces détritus et pour peindre ses couleurs fluo.
C’est un premier pas, pense-il, pour voir venir, peut-être un jour, quelqu’un d’autre que lui dans l’immensité de la solitude moderne.
Peut-être rencontrer une super Nana demain!